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Plantes compagnes et colza : l’hiver a été chaud

Plus que jamais, l’hiver a été chaud pour les colzas au gaec de la Voie Lactée dans le Mauges. Brève et très faible, la gelée a néanmoins eu raison des plantes compagnes.

 

 

Ce neuf février au petit matin, une très forte pluie accompagnée de rafales vient de s’abattre aux environs de Chemillé. Routes coupées, champs inondés, rivières en crue, fossés transformés en torrent, cascades tombant des talus, etc. Sur l’écran d’ordinateur, le radar météo montre la progression d’une bande étroite et très sombre. « Elle est passée juste au-dessus de nous. » A La Jumelière comme ailleurs en France, l’hiver pluvieux se profile comme l’un des plus doux, voire le plus chaud jamais observé. Pour les colzas, les derniers mois ont été particulièrement « chauds » : « Heureusement que l’on a eu cette toute petite gelée de la troisième semaine de janvier. »

 

IMG_6567 copieAu gaec de la Voie Lactée, c’était la première fois que toute la sole était conduite avec des plantes compagnes. Sur la parcelle de treize hectares, il n’en reste presque rien. Plus aucune trace ou presque des pieds de trèfles.

 

Sous les larges feuilles des colzas, le terrain est net et propre. La vesce émerge encore par endroit avec des feuilles toujours vertes. Cependant, il suffit de tirer dessus pour apercevoir combien les tiges grêles sont déjà nécrosées.

 

 

« On a eu seulement moins un ou moins deux degrés sous abris. Mais cela a suffi. L’idéal serait un second petit coup de froid pour bien finir le travail. » Quelques pieds de géraniums étirent leurs feuilles en napperons tandis que le colza commence son élongation : « Il va prendre rapidement le dessus » estime Fabrice qui semble très confiant. Ce n’était pas gagné d’avance. 

 

Quatre années très différentes

 

C’est la quatrième année que les plantes compagnes sont de la partie. A chaque fois le scénario est différent. « En 2012, on les avait testées pour la première fois sur trois hectares. » Echec total : « Les colzas avaient mal levé et les plantes compagnes aussi. » La faute à une implantation trop tardive : « C’était très sec, on avait décalé le semis au maximum début septembre. » Résultat : les trois hectares furent retournés au printemps pour implanter un maïs. L’année suivante, nouvelle expérience sur trois hectares mais cette fois sans labour, avec un semis plus précoce : « On a semé le 23 août dans la poussière. Cela a bien levé. On a fait 48 quintaux. Une réussite. »

 

L’abandon du labour était lié au fait que la parcelle retenue étaient sur un coteau très pierreux : « On voulait éviter de remonter des pierres. » Depuis cette expérience, le colza ne connaît plus la charrue : « On déchaume sitôt la récolte après l’enlèvement des pailles de céréales. Puis on apporte de la chaux, du fumier, un coup de fissurateur puis on sème en combiné. » Un premier passage pour le colza puis un second pour les plantes compagnes : « C’est la meilleure façon de maîtriser les doses de semis. » Enfin, point crucial selon les agriculteurs : « Rappuyer les graines et les pailles en passant un coup de rouleau. »

 

Poussées de géraniums

 

La réussite de 2013 n’a pas été toutefois sans quelque souci : « Il n’y avait pas eu de gelée assez forte pour détruire les plantes compagnes. » Début mars, il a fallu intervenir en dernier recours avec un désherbant : « On a fait un traitement léger avec du clopyralid à 80 grammes par hectare. » En 2014, nouvel essai sur quatre hectares et demi : « On a semé le 22 août. Vesces et trèfles se sont bien développés. Fin décembre, on a eu moins dix degrés en plein champ. » Malgré quelques repousses de céréales, aucun désherbant n’a finalement été appliqué : « On a fait l’impasse totale sur cette culture. »

 

Sur les autres parcelles de colza, le traitement herbicide, réalisé après le semis et avant la levée, a entrainé un coût de quatre-vingt-dix euros à l’hectare. En comparaison, celui des plantes compagnes semées à vingt-cinq kilos était de cinquante euros à l’hectare. Le rendement a été identique à trente-sept quintaux : « Cette année-là, on a eu moins d’étages de siliques qu’en 2013. » Les plantes compagnes ont permis également de diminuer légèrement des apports d’azote. L’été dernier enfin, les agriculteurs ont fait le grand saut en passant toute la surface de colza soit treize hectares et demi. Avec de nouvelles surprises : « Déjà, à la fin juin, c’était très sec. On pensait que ce serait difficile d’implanter nos colzas. » Finalement, les semis sont effectués dans la poussière dès le 19 août. « On a compris qu’il ne faut pas attendre les pluies. Il faut semer au plus tôt, dès la mi-août, si l’on veut un développement rapide des plantes. »

 

Une fois de plus, la nature leur donne raison : « La semaine suivante on a eu soixante millimètres. Il y a eu une explosion des plantes compagnes et du colza. » Avec la chaleur, les conditions sont si favorables qu’elles provoquent une grosse inquiétude fin septembre : « On a eu par endroit une forte poussée de géraniums contre lesquels il n’y a pas de traitement efficace. » Ce n’est pas la première fois que ces adventices redoutables pour le rendement lèvent le nez : « Cette parcelle en avait depuis des années, On avait réussi à couper le cycle avec des cultures de printemps mais cela n’a pas été suffisant. »

 

IMG_6560 copieQuoiqu’il en soit, début octobre, les agriculteurs et le technicien de la coopérative conviennent qu’il n’y a plus qu’une chose à faire : faire confiance aux plantes compagnes. « Finalement, elles ont réussi à bien contrôler les géraniums. La météo très poussante nous a bien aidés pour cela. » Le résultat, obtenu avec zéro produit chimique, dépasse de beaucoup ce qu’aurait permis le désherbant appliqué classiquement sur les colzas, lequel est peu efficace vis-à-vis des géraniums.

 

Cet hiver aura donc joué en faveur des plantes compagnes… qui certes ont bénéficié d’un petit coup de pouce. « Le mélange a été adapté pour être plus sensible à de faibles gelées » souligne Fabrice Baranger. En l’occurrence, l’une des deux vesces, la moins gélive, a été éliminée. De fait, la dose de semis du mélange a été divisée par deux en poids : « On a semé douze kilos et demi par hectare au lieu de vingt-cinq. » Adaptée aux hivers doux, la technique a vu également son coût diminuer : « On est descendu à trente ou trente-cinq euros par hectare. »

 

Trois fois moins cher que le traitement herbicide appliqué précédemment.

 

 

Moins de produits phytosanitaires, c’est aussi l’objectif d’une autre technique adoptée depuis quatre ans dans les colzas : « Nous semons la variété Alicia plus précoce et nous faisons des comptages de méligèthes au printemps pour voir s’il faut intervenir ou non. » En 2015, un insecticide a dû être appliqué pour faire face à un second vol. « En 2014, nous n’avions pas eu à faire de traitement. Tout dépend des conditions climatiques. » A l’instar des plantes compagnes, rien n’est garanti à l’avance et il faut juger sur pièce. « Pour l’instant, malgré les altises à l’automne, on a laissé sans intervenir, les colzas étaient assez développés pour se protéger tout seuls. »

Dominique Martin

Horizon n°129 – Mars 2016

 

L'exploitation

Trois associés : Guillaume, Fabrice Barranger et Christophe Naudin

Surfaces

185 hectares dont :

– 67 ha de blé 
– 13 ha de luzerne
– 6 ha de prairies naturelles
– 40 à 45 ha de maïs ensilage
– le reste en prairies

Productions animales

  • 85 vaches laitières avec deux robots (1 Ml)
  • Engraissement de jeunes bovins

Dates clés

  • 2009 : dissolution du gaec familial entre Guillaume, Fabrice et leurs parents
  • 2010 : création du gaec de la voie lactée avec CHristophe Gaudin 
  • 2012 : premiers semis de colza avec plantes compagnes
  • 2015 :  passage de la totalité de la sole de colza en plantes compagnes