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Des rapaces très utiles!

 

La protection des busards cendrés passe par une collaboration avec les agriculteurs en vue de protéger leurs nids. Un échange de services avec ces amateurs de campagnols des champs.

 

Les landes, les friches, les marais et les espaces prairiaux étaient auparavant les habitats privilégiés des busards cendrés. Sous la pression de l’activité humaine, ces milieux naturels disparaissent de plus en plus. Dorénavant, c’est au ras du sol, dans les cultures céréalières, surtout dans le blé mais également dans les champs de luzerne et de ray-grass que ces rapaces installent leur nid. « Ils choisissent du blé assez haut pour être le moins visible possible de leurs prédateurs que sont les renards, les corvidés, les fouines, les sangliers…», précise Philippe Pilard, chargé de la coordination de la surveillance busards à la Mission Rapaces de la LPO. « Il existe 3900 à 5100 couples de busard cendré en France. Alors que le nombre de busard des roseaux et de busard Saint-Martin se maintient, le busard cendré, lui, est une espèce plus menacée.» En effet, les périodes de récoltes des agriculteurs interviennent fréquemment avant l’envol des poussins et le passage de la moissonneuse batteuse est une des causes de mortalité. Par ailleurs, leurs sources d’alimentation que sont les campagnols des champs, certains insectes (grandes sauterelles, grillons…) et les petits oiseaux se raréfient avec les traitements et la réduction des prairies permanentes.

 

Le moins de dérangement possible

 

crédits photo : Philippe ANSCUTTE

Depuis les années 1970, la LPO s’est investie dans la protection des rapaces en développant, en autres, un réseau de 600 bénévoles passionnés, dits « surveillants » qui collaborent avec les agriculteurs. La surveillance commence en avril à l’installation du nid. «Une fois que nous avons repéré le couple de busard, nous prenons contact avec l’agriculteur pour pouvoir intervenir. En général, le contact se passe toujours bien », explique Thierry Printemps, ornithologue amateur en Maine-et-Loire, bénévole à la LPO. Ce dernier utilise un drone depuis deux ans pour le premier repérage du nid, et prendre des photos. « Cette technique crée moins de stress pour le rapace qui revient plus rapidement au nid. » Il s’agit également de laisser le moins de traces possible visà-vis des prédateurs notamment des renards. « Pour cela, nous utilisons les rangs de traitement.
Nous faisons attention de ne pas endommager les cultures des agriculteurs. » Pour signaler la présence du nid à l’agriculteur, des piquets avec des drapeaux sont installés dans un premier temps. Ensuite, un carré grillagé de 1m sur 1m avec un fond, facile à déplacer, protège le nid. « C’est mieux que nous soyons présents lors du déplacement de l’enclos car certains poussins peuvent s’envoler. » Auparavant, la LPO utilisait un enclos plus important, mais cette technique obligeait les agriculteurs à le contourner pour moissonner. «Nous avons le souci de ne pas faire perdre de temps à l’agriculteur », ajoute encore Thierry Printemps. « La protection des nids permet de multiplier par deux le nombre de jeunes à l’envol », complète Philippe Pilard.

 

Protéger les espèces menacées

 

crédits photo : Daniel MAGNIN

« En Maine-et-Loire , nous travaillons avec une trentaine d’agriculteurs chaque année. En fait, la seule contrainte pour eux est d’appeler la LPO. C’est important que les agriculteurs nous signalent la présence d’espèces protégées », poursuit Thierry Printemps qui travaille depuis des années avec Hervé Petiteau, agriculteur à Montreuil Bellay, qui n’hésite pas à coopérer et même plus. «Dés que je vois des busards dans le secteur, même en dehors de mes parcelles, j’appelle Thierry Printemps », précise celui-ci. En effet, les busards chassent souvent les mulots au-dessus de ses champs de luzerne. « C’est dans notre intérêt de protéger ces rapaces. Ils ne nous portent pas préjudice, bien au contraire, ils débarrassent nos cultures de nuisibles. »

 

■ Isabelle Hingand

 

 

 

Quelques Chiffres

Environ les trois-quarts des couples de busard cendré en France nichent en milieu céréalier (entre 50 et 95% selon les régions). Quelques milieux naturels accueillent encore des nids dans plusieurs régions de France : les landes en Bretagne, les plaines du Poitou, dans le Massif central, les marais littoraux…. La pratique de la surveillance a commencé en 1976 en Loir-et-Cher au sein du FIR (Fonds d’intervention pour les rapaces), devenu depuis la Mission Rapaces de la LPO. Grâce à la participation de près de 10 000 bénévoles à ce jour, ce sont près de 20 000 nids des trois espèces qui ont été suivis et protégés. L’action s’est amplifiée au fil du temps. Le suivi des populations de busard cendré montre qu’en France sa protection permet de sauver, depuis plus de 25 ans, un tiers des jeunes à l’envol pour environ 20% de la population nationale protégée.
Les busards, comme tous les rapaces, sont protégés par la loi du 10 juillet 1976. Ils le sont aussi sur le plan international (Directive oiseau, Convention de Berne, Convention de Bonn, Convention de Washington). Pour la LPO, la ligne de conduite à tenir est claire : il est absolument nécessaire de sauver les busards, même si ce sauvetage oblige dans certains cas à déplacer les nids et les poussins.

  • Pour tout renseignement : rapaces.lpo.fr