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Des impasses de fertilisation en toute sécurité

 

Suite aux mauvais rendements de l’année 2016 suivis d’un hiver plutôt sec, les sols ont conservé des stocks élevés d’éléments nutritifs. Les conseils en fertilisation ont été revus à la baisse sans pénaliser les résultats 2017.

 

Une année catastrophique pour le blé : voilà ce dont se souviendra Jean- Michel Quittet pour le cru 2016. «Avec les problèmes d’ensoleillement et de sécheresse, le remplissage des grains ne s’est pas fait correctement, même dans les parcelles irriguées. J’ai récolté 52 quintaux/ha en blé contre 80 à 100 quintaux en général, et même 16 quintaux/ha sur une parcelle de blé dur. Le climat de 2016 n’a pas du tout convenu au blé, mais pour les autres cultures, les rendements furent à peu près normaux.» Ce n’est pas dans les habitudes de Jean – Michel Quittet de faire des impasses en fertilisation.
«Mon objectif est d’avoir un garde-manger à peu près constant dans le sol. C’est pourquoi j’ai toujours des rendements corrects et stables d’une année sur l’autre. » Mais à la fin de l’année 2016, avec un manque de trésorerie de 120 000 euros, il fallait absolument comprimer le premier poste de charges opérationnelles des cultures. «La composition du sol de chaque parcelle est analysée tous les 4 à 5 ans. Les résultats fin 2016 ont montré que j’avais du stock de phosphore, de potassium, et même de l’azote.»

 

 

 

30 000 euros d’économie

 

L’agriculteur décide donc d’apporter ni phosphore ni potassium derrière les colzas 2016 et avant les blés 2017. Après les tournesols et les maïs, cultures dont les restitutions au sol sont importantes, l’impasse en phosphore et potassium est faite également. « D’autant plus que le maïs semences est une production très bichonnée» souligne Jean-Michel Quittet. Derrière les blés 2016, un engrais de fond est maintenu à des doses modestes (30 unités de phosphore, 30 unités de potassium), car les pailles sont en général exportées. Au final, l’économie s’élève à 30 000 euros.

Les rendements ayant suivi en 2017 n’en ont pas du tout été pénalisés: 76 q/ha en blé dur et blé tendre; 40 ha en colza; 32 ha en tournesol; 40 q/ha en pois. «J’ai pu effectuer ces impasses de fertilisation sereinement parce que mes sols étaient bien pourvus habituellement » estime néanmoins l’agriculteur.

Fin 2017, avec une trésorerie toujours en berne en raison notamment des prix bas, Jean-Michel Quittet a poursuivi la même logique, en ciblant cette fois ses économies d’engrais de fond sur d’autres parcelles. Une nouvelle économie de l’ordre de 20 000 euros est réalisée.

 

«Je fractionne beaucoup»

 

La consommation d’azote a elle aussi contribué aux économies de fertilisants. Grâce à l’emploi de compost acheté à Fertil’Eveil depuis quelques années, le tournesol 2017 par exemple n’a reçu aucun apport d’azote minéral. Quant à l’orge, l’apport a été réduit à 110 unités/ha contre 160 habituellement. Le compost peut aussi être apporté en août avant les semis de colza. « J’ai augmenté petit à petit ma consommation de compost jusqu’à la moitié de ma surface chaque année, déclare Jean-Michel. J’en suis satisfait ; je perçois visuellement l’effet sur les cultures car l’enracinement est meilleur. »
Pour le blé, l’orge et le colza, l’agriculteur optimise aussi sa consommation d’azote grâce à la technologie Farmstar dès le premier apport. «En fonction des conseils et de la météo, je fractionne beaucoup, même parfois au-delà de quatre apports pour le blé.
Si je ne suis pas sûr d’avoir les 20 mm de pluie nécessaires, je divise la dose prévue par deux. » En 2017, les taux de protéines du blé ont parfois atteint 14,5 %.
Suite à ces deux années de « vache maigre » en fertilisation, Jean-Michel Quittet ne voit plus tout à fait les choses comme avant : « je pense qu’il est sans doute possible de travailler un peu différemment de façon à réaliser des économies chaque année» conclut-il.

 

■ Nathalie Tiers

 

Dany Lourdeau, conseiller expert service sur le bassin de vie de Neuville-de-Poitou
«Entre 40 et 180 unités/ha de reliquats azotés»
«Chez Jean-Michel Quittet, les rendements 2016 ont surtout été mauvais en blé, mais nous avons observé cette année-là de mauvais résultats dans toutes les cultures. Par conséquent, de l’azote est resté dans le sol et a été peu lessivé en raison d’un hiver assez sec. Sur 150 analyses de reliquats azotés dans le nord-Vienne, nous avons constaté entre 40 et 180 unités/ha d’azote en stock.
Nous nous appuyons sur l’outil Fertilio Sol avec son estimateur de reliquats azotés qui colle bien à la réalité si le type de sol est correctement paramétré. Le pouvoir de minéralisation mesuré dans les analyses de sols nous permet d’affiner le conseil pour l’azote. Les préconisations initiales sont basées sur une pluviométrie hivernale de 300mm. Or, nous n’avons reçu que 120 mm entre septembre 2016 et janvier 2017. Lors de la mise à jour de Fertilio Sol avec la pluviométrie réelle, les préconisations en azote ont donc chuté et nous avons dû organiser des réunions avec les agriculteurs pour expliquer cette situation. Cela leur faisait un peu peur,mais ils pouvaient sans danger réduire les doses d’azote, voire faire des impasses. La plupart d’entre eux l’ont fait et les rendements 2017 ont été bons. En revanche, nous avions conseillé de maintenir une fertilisation phosphatée quand c’était nécessaire, pour permettre au système racinaire de pomper les éléments en profondeur. »

 

L'exploitation

1 associé
Saisonniers pour le maïs semences

Productions végétales

  • • 435 000 litres de lait,
    • 55 vaches laitières

Surfaces

  • 170 ha dont
    • 60 ha de blé
    • 30 ha d’orge d’hiver
    • 30 ha de colza
    • 20 ha de luzerne semences
    • 12 ha de tournesol
    • 12 ha de maïs semences
    • 6 ha de pois protéagineux
    • parfois du blé dur
    • Toutes les cultures qui le nécessitent sont susceptibles d’être irriguées
    • Sols argilo-calcaires filtrants, peu séchants (groies)

Dates clés

  • 1987: Jean-Michel Quittet s’installe sur 40 ha,il est alors double-actif
  • 1991 : reprise d’une exploitation de 40 ha
  • 1992 : installation de l’irrigation
  • 2002 : après plusieurs reprises, la SAU atteint 170 ha. Jean-Michel Quittet passe à temps complet sur l’exploitation et démarre la production de maïs semences.