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Le levier des cultures associées

Afin de favoriser une agriculture durable,des travaux sur les cultures associées ont été menés depuis une dizaine d’années par l’Inra-UMRAGIR de Toulouse. Le projet européen ReMIX s’inscrit dans leur continuité de ces travaux.

 

Débutés en 2005, les travaux sur les cultures associées, menés sous la houlette d’une équipe pluridisciplinaire de l’Inra-UMR AGIR de Toulouse, se sont focalisés sur l’association d’une céréale, initialement le blé dur, avec des légumineuses comme le pois ou la féverole. «Le blé dur est une culture très répandue dans le sud, assez intensive, exigeante en azote, et à fort enjeu, mais qui est sensible aux ravageurs, et qui suppose des traitements pour assurer un bon rendement », explique Laurent Bédoussac, enseignant chercheur à l’ENSFEA de Toulouse. «A travers ces travaux, nous avons cherché à comprendre le fonctionnement des cultures associées et à évaluer leurs performances.» L’objectif poursuivi par l’association avec une légumineuse est de mieux valoriser les ressources naturelles (lumière, eau, azote, phosphore…) et de limiter les effets négatifs sur l’environnement tout en conservant une performance économique et une marge pour l’agriculteur.

 

 

Favorable aux systèmes carencés en azote

 

Ces travaux, commencé en 2005, se sont déroulés en plusieurs phases jusqu’en 2015. Les premiers essais furent réalisés sur des microparcelles en vue de comparer des cultures pures (le pois ou la féverole et le blé dur) et des cultures associées (pois-blé et féverole-blé) en testant différentes variétés de blé, différentes densités et niveaux d’azote. « Cette expérimentation a montré, qu’avec une fertilisation faible ou nulle, le rendement de la culture associée est supérieur de 20% à celui des cultures pures et il en va de même de la teneur en protéines du blé.

 

Par contre, avec un apport d’azote important, le rendement de la culture associée est inférieur à celui de la culture pure de blé dur fertilisée et il n’y a pas d’effet sur la teneur en protéines déjà optimisée par l’apport de fertilisant azoté. Les cultures associées sont donc performantes dans des systèmes à faible disponibilité en azote.» De 2008 à 2012, les travaux se sont poursuivis dans le cadre du projet Perfcom financé par le programme Systerra de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR). L’objectif restait le même à savoir la mesure de la performance agronomique des peuplements associant du blé dur et une légumineuse, la réduction des fertilisants, la résistance aux bio-agresseurs, et la concurrence avec les adventices. Une partie des expérimentations s’est déroulée auprès d’un réseau de onze agriculteurs en agriculture biologique sur un territoire allant du Gers à l’Aude.

 

Différents itinéraires techniques ont été testés ainsi que plusieurs associations. «Par exemple, il y avait une demande des agriculteurs pour tester le blé tendre en association et évaluer la concurrence avec les adventices.» Résultat : pour 90% des cas, le rendement total de l’association est meilleur que celui des cultures pures, et la teneur en protéines est également plus élevée pour la céréale associée. Mais il existe une grande diversité de résultats, une culture se développe parfois au détriment d’une autre. «L’expérimentation démontre, qu’en agriculture culture, sans apport d’azote, les cultures associées tirent leur épingle du jeu.» En présence de pucerons verts du pois, l’association permet de réduire leur nombre, mais elle n’a pas d’impact sur le sitone. «La culture associée exercerait une barrière physique qui gênerait le puceron dans sa progression. Ce point confirme que les cultures associées sont intéressantes pour les situations à faible potentiel agronomique, avec des problèmes de salissement, de maladies et de ravageurs.»

 

 

Une approche multi-acteurs

 

Bien que les cultures associées constituent un levier agronomique, elles restent marginales. « La logistique des coopératives peut être un frein. » La collecte suppose une capacité de stockage plus importante. Il faut prévoir de stocker le produit récolté puis les fractions triées. Un investissement supplémentaire est nécessaire. « Par ailleurs, les bassins de production doivent être importants et homogènespour avoir suffisamment de produits à valoriser. L’étude montre que ce sont les coopératives déjà orientées sur des produits diversifiés et sur la gestion qualitative des lots qui sont les plus à même de collecter les cultures associées.» Une réflexion est nécessaire sur les variétés, le matériel pour la récolte et le tri. Seule une coordination de tous les partenaires (coopératives, instituts techniques, chambre d’agriculture, industriels… ) permettra de trouver un modèle de commercialisation pour ce « nouveau produit », en particulier pour l’alimentation humaine.

 

 

Le projet ReMIX

 

Débuté en mai 2017, le projet européen ReMIX a pour objectif de valoriser les services rendus par les cultures associées pour concevoir des systèmes de culture agro-écologiques plus diversifiés et résilients, moins dépendants des intrants, respectueux de l’environnement et acceptables pour les agriculteurs et les acteurs de la chaîne. Ce projet, coordonné par Eric Justes de l’Inra-UMR AGIR de Toulouse, est financé à hauteur de 5 millions d’euros pour 4 ans par le programme européen pour la recherche et l’innovation “Horizon 2020”. Il regroupe 23 partenaires (instituts de recherche, sélectionneurs, constructeurs de matériel…) de 13 pays, dans un gradient climatique allant de la Grèce à la Suède, parmi lesquels le Groupe Terrena et l’Inra. A travers une approche de co-conception multi-acteurs, le projet ReMIX devrait répondre aux problématiques soulevées en proposant des solutions pratiques adaptées à diverses conditions pédoclimatiques européennes, en intégrant la sélection variétale, le machinisme et la modélisation pour proposer des outils d’aide à la décision pour les agriculteurs et les conseillers.

 

En intégrant aussi bien l’agriculture biologique que l’agriculture conventionnelle, il s’intéressera à différentes formes de cultures associées: des mélanges bispécifiques céréale-légumineuse (pois et blé par exemple) où les deux espèces sont récoltées en même temps et produisent des grains de haute qualité nutritionnelle pour la consommation humaine et animale; des associations entre une céréale et une plante ou des plantes de service «non récoltées»(par exemple un blé avec un mélange de trèfle, fenugrec et vesce) qui peuvent se substituer aux intrants chimiques ; des associations en relais qui consistent à implanter dans un couvert de céréale des légumineuses annuelles ou pérennes pour gagner du temps de croissance pour la légumineuse sans concurrencer la céréale.

 

 

 

 

Isabelle Hingand