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Limaces écartées mais eau préservée

Pour protéger l’eau, la panoplie des anti-limaces se réduit. Ces agriculteurs ont testé avec succès un nouveau produit sans impact toxique.

 

Comprendre le cycle et les habitudes de la limace c’est vraiment très compliqué, » remarquent Philippe et Carine Bruneau. «Sur notre exploitation, nous travaillons tous nos champs de la même manière et pourtant, on ne sait pas trop pourquoi, elles se réveillent un jour sur une parcelle, mais pas sur une autre un peu plus loin. » Difficile aussi de prévoir la ou les périodes où il faudra se couvrir, en cours de saison: « Il y a des années
où nous devons encore appliquer un anti limace sur céréales en février.» Le fait d’avoir adopté le non labour dès 1993 – «d’abord afin de réduire le coût des mises en place » – conduit ces agriculteurs à surveiller de très près ce ravageur.

 

AT antilimace 4«Mais même un labour ne permettrait pas de détruire à coup sûr les nids et les oeufs.» Alors, ici, et depuis longtemps, pour réduire les risques, on évite de laisser au sol des résidus de récolte. Et l’on redouble de vigilance sur les sols peu profonds, «car nous les savons, par expérience, plus sensibles aux attaques. » Enfin on anticipe, avec, par exemple, à l’aide du semoir Delimbe monté sur un quad, un traitement systématique d’avant-semis sur les blés suivant un colza et surtout grâce à des piégeages systématiques pour repérer les infestations. 

 

 

Reste à intervenir avec le «bon» produit en ce temps où la réglementation réduit la panoplie des matières actives disponibles. Le cas pour le Mesurol pro – « chez nous très efficace » – remarque Philippe Bruneau, mais retiré des circuits commerciaux fin 2014. « D’un autre côté, savoir que certains produits comme le métaldéhyde peuvent se retrouver dans l’eau ne nous laisse pas indifférents. Si l’on peut faire autrement, à coût et surtout efficacité équivalents, nous sommes partants!»

 

Pour cette raison, en 2009, et sur les conseils de leur technicien, Philippe et Carine ont testé une spécialité à base de phosphate ferrique, une substance autorisée dans la lutte contre les limaces au titre du bio-contrôle. Celle-ci a sur le parasite un effet coupe-faim qui l’empêche d’attaquer les jeunes plants et conduit à sa disparition parmanque de nourriture, et surtout sans laisser de résidus toxiques dans le sol. «Mais honnêtement, à l’époque, nous avions été très déçus. D’une part il était très sensible à l’hygrométrie du sol et aux précipitations et pouvait disparaître très rapidement après son épandage. D’autre part, sa couleur très pâle puis tournant à une teinte proche de celle du sol ne nous permettait pas d’observer s’il en restait suffisamment dans les parcelles pour bien les protéger.»

 

 

 

Une nouvelle présentation

AT antilimaces 1Avec les semis de 2014, le gaec a pourtant décidé de tester une nouvelle présentation de ce produit, amélioré par son fabricant. «Il résiste cette fois beaucoup mieux à l’humidité et surtout sa nouvelle teinte – un bleu quasi fluo – permet de repérer très vite s’il en reste ou s’il faut envisager un second passage. » Pour en vérifier l’intérêt – et l’efficacité – le nouveau produit, baptisé «Sluxx HP» a été employé sur les blés semés à l’automne. On l’a ainsi appliqué en alternance avec des bandes recevant une spécialité classique.

 

L’essai proprement dit a comporté 3 passages principaux, dont l’un deux jours avant le semis, avec une dose initiale de 7kg/ha pour le Sluxx et de 5kg pour le produit classique (Hélimax). Puis, à une semaine d’intervalle chacun, deux autres à respectivement 5kg/ha et 4/kg/ha selon la spécialité. 

 

 

Ensuite, à partir de comptages, on a comparé l’efficacité réciproque des deux modalités. « La difficulté, avec le Sluxx, c’est que les limaces, après avoir absorbé les granulés, vont se terrer dans leurs nids. On ne peut donc pas, comme avec un produit classique, dénombrer les cadavres au sol pour en juger l’action. Ce sont les comptages de plantes attaquées et les pourcentages de pertes à la levée qui révèlent si cela a marché ou non. »

 

Au gaec des Commandières, ces comptages ont été réalisés le 17 novembre 2014, sur un  blé Rubisco au stade 3 feuilles. « Avec des pourcentages de pertes à la levée assez proches (25% et 22%) l’efficacité respective des deux produits s’est avérée quasi identique, avec même un léger avantage au produit de bio-contrôle », remarque Philippe Bruneau. «En revanche, là où nous utilisons des produits classiques, mais génériques, ces derniers décrochent nettement.»

 

Colzas 2Côté économique, l’objectif de départ est également respecté. En effet, si les doses appliquées sont plus importantes en Sluxx, tant en poids qu’en nombre de granulés (160/m2 au lieu de 81), son prix moins élevé conduit à un coût identique, voire légèrement moindre, que celui d’un produit classique. «Et puis comme il est comptabilisé au titre du « Nodu vert », l’utiliser contribue à faire diminuer l’IFT (indice de fréquence de traitement) de l’exploitation. » concluent Philippe et Carine. Autant de raisons pour lesquelles, il y a quelques jours, Philippe et Carine y ont eu à nouveau recours au moment de semer leurs colzas.

 

 

 

 

Gwenaël Demont