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L’agroforesterie pour nos pondeuses

« Aujourd’hui, le parcours, c’est un terrain agricole. Les poules se cantonnent aux abords immédiats des trappes du poulailler. » Pour un éleveur de plein air comme Olivier Traineau ceci est une évidence. Les pondeuses ont beau disposer en permanence d’un vaste parc, elles sont loin de l’explorer en totalité. A Neuvy en Mauges dans le Maine et Loire, Olivier et ses parents sont producteurs d’oeufs de plein air pour Terrena (Noréa). Ils s’interrogent. « Est-ce que c’est vraiment du plein air siles poules ne se promènent pas plus ? Est-ce que c’est bon sur le plan sanitaire qu’elles stationnent aux mêmes endroits ? » Olivier, jeune éleveur de trente-trois ans, ne veut continuer comme cela. « Le problème est qu’il n’y a pas d’ombre sur le parcours. C’est exposé au vent et les poules ne se sentent pas à l’abri des buses. » La solution tient en un mot : « L’agroforesterie. » En cette fin novembre, tout est prêt pour la plantation des arbres. « On va planter sur les huit hectares autour du bâtiment pour commencer.» Le poulailler de quarante mille poules est installé sur un parcours de dix-huit hectares. « Nous verrons comment cela va se comporter pour tirer des enseignements avant de planter la seconde partie. Si cela marche on couvrira tout. » Ce poulailler est encore celui de ses parents. Olivier s’est installé en 2015 sur un autre site en reprenant une exploitation de volailles de chair. Le jeune éleveur y a monté un élevage de vingt mille pondeuses plein air avec un parcours de huit hectares. « Une bonne partie des terres ne sont pas en propriété, c’est pourquoi je n’ai pas envisagé de planter pour le moment. Je dispose déjà de haies existantes bien développées. » L’année prochaine,Olivier va s’associer avec ses parents en vue de leur succéder. « Ils vont arrêter d’ici deux ou trois ans. » Le poulailler de 40 000 poules a été construit en 2018 : « C’est un projet que nous avons mené ensemble en vue de la reprise. », de même que la plantation cet automne.

 

Bois d’oeuvre et de chauffage

 

Le schéma est prêt en fait depuis l’an dernier : « On a eu tardivement la réponse pour les aides aussi on a préféré reporter cette année pour planter au meilleur moment. » Concrètement un peu plus de cinq cents arbres vont être plantés pour former de larges allées positionnées de façon perpendiculaire par rapport au poulailler. « Nous plantons un arbre tous les six mètres. Les rangs sont espacés de 24 mètres pour nous permettre de faucher et d’entretenir. » D’ici quelques années, les rangées formeront des lignes bien marquées, « Les volailles suivent des linéaires pour se déplacer. » Pour les guider vers ces allées, de petites portions de haies bocagères sont plantées en vue de former des « peignes » aux abords du bâtiment, « On va se servir des clôtures de séparation du parcours pour protéger ces jeunes haies dans un premier temps. » Dans la parcelle, l’emplacement de chaque arbre a été marqué par un bambou. « Un prestataire est venu faire l’implantation avec une barre de guidage. » Une semaine avant de planter, une autre entreprise vient creuser chaque emplacement avec une tarière de plantation. Une large vis brasse le volume de terre pour l’ameublir sans la retourner. Il suffit alors d’un coup de pelle pour y déposer chaque plant qui sera muni d’un tuteur et entouré d’une protection et d’un carré de paillage. Deux types d’arbres sont plantés, tous sont des essences locales. La moitié sont des espèces à croissance rapide : peuplier, charme, érable champêtre, tilleul et orme Lutèce. « D’ici 15 ou 20 ans, on les coupera et ils fourniront du bois de chauffage. » L’autre moitié sont des espèces à croissance lente destinées au bois d’oeuvre : chêne sessile, merisier, érable sycomore, cormier, poirier franc. Nous allons alterner les plants entre ces deux types d’arbres. Comme cela, la coupe en bois de chauffage fera de la place pour que les arbres de bois d’oeuvre puissent continuer de se développer. » Ces derniers, il faudra les attendre au moins 40 ou 50 ans « C’est n’est pas moi qui les exploiterai » sourit Olivier. Les plans et le choix des essences ont été faits en partenariat avec Mission Bocage. L’association organise également les chantiers. Elle se chargera aussi de la taille de formation des arbres de bois d’oeuvre les premières années.
Les plants d’un mètre de haut mettront du temps à pousser mais il en résultera un joli coup d’oeil. « Dans vingt ans, on aura une bonne intégration paysagère. Nous sommes le long d’un chemin de randonnée et bordés par une route. Le poulailler est assez imposant, mais on ne veut pas le cacher seulement l’intégrer au mieux dans le paysage. » Pour l’agrément de la famille,
une vingtaine de noyers et châtaigniers sont plantés en complément. Le budget total pour la plantation des arbres s’élève à 14 000 euros. Il comprend l’ensemble des fournitures, des plants et prestations, sauf la main d’oeuvre pour la plantation. Une journée à une douzaine de personnes fera l’affaire. Le projet bénéficie de onze mille euros d’aides européennes du FEADER au titre de l’agroforesterie et de la Région Pays de la Loire, soit 80 % de son coût. Pour les 300 mètres de haies plantées en complément, le coût est de 1200 euros couverts par 870 euros d’aides. « Pour ce type d’investissement, la rentabilité c’est zéro, à part la coupe de bois de chauffage dans vingt ans. Si on le fait, c’est pour le bien-être animal, le paysage et la société. On n’a aucun revenu là-dessus. Sans les subventions, ce ne serait pas possible de le faire. »
DOMINIQUE MARTIN