Menu Terrena
  • Français
  • English
10588, 10588, dav, eaderhorizonlemag.jpg, 133276, https://www.terrena.fr/wp-content/uploads/eaderhorizonlemag.jpg, https://www.terrena.fr/impasses-de-fertilisation-toute-securite-2/dav/, , 57, , dav, dav, inherit, 9555, 2019-05-13 13:02:17, 2019-05-13 14:37:17, 0, image/jpeg, image, jpeg, https://www.terrena.fr/wp-includes/images/media/default.png, 996, 250, Array

La santé en douceur

« Petite, j’étais tout le temps avec les vaches, les veaux. J’aime beaucoup ces animaux. On peut les toucher, les caresser. Je ne pourrais pas avoir une telle relation avec la volaille. » Sourire aux lèvres, brillant au nez, Magalie Garnier s’est installée il y a un peu plus de trois ans. Ses parents sont partis en retraite début 2018. Depuis, elle et Fabrice son conjoint tiennent seuls les rênes des quatre-vingt laitières. Fabrice, installé en 2010, a développé peu à peu la ferme avec les parents. « A l’époque, ils avaient un quota de 280 000 litres sur 86 hectares. » La taille du troupeau a doublé, la surface aussi, la production presque triplé. En 2017, une nouvelle stabulation sort de terre, équipée d’un robot de traite. « Je ne me serais pas installée sans le robot. Ma mère faisait la traite tous les jours. A cinquante ans, elle a eu de gros problèmes de santé. » Le robot est devenu un auxiliaire informatique essentiel. « Je peux faire, voir beaucoup de choses avec les données qu’il transmet. » Les chiffres, Magalie s’y connaît : « Avant, j’étais contrôleuse de gestion à Nantes. » Ce faisant, elle est loin de passer sa vie le nez rivé sur un écran ou dans les papiers. Son plaisir est d’être aux petits soins pour les animaux. « J’aime revenir à des méthodes simples et pas chères. Les antibiotiques, je n’ai jamais été à l’aise avec eux. Avant de traiter, je vais toujours voir quelle est la bactérie à atteindre, j’évite les produits à spectre large qui favorisent les résistances. » C’est la solution de dernier recours, cinq à huit fois par an seulement pour quatre-vingt vaches, quand toutes les autres n’ont rien donné. Des méthodes alternatives, Magalie en utilise à foison. « Ma mère s’était lancée là-dedans. J’ai repris le filon en développant un peu. » Un peu veut dire beaucoup, homéopathie en tête. « Chaque jour, le robot me donne le taux cellulaire de chaque vache. Dès qu’il décolle un peu, je vais la voir et je lui envoie un spray sur le nez et la vulve. Je continue ensuite, une ou deux fois par jour, tant que ça dure. » Le geste est très rapide. « Je fais ça quand elles mangent ou sont couchées dans les logettes. » Magalie emploie un mini vaporisateur à main, rempli d’eau et du produit homéopathique de son choix. De petites poussées de cellules sont fréquentes et souvent sans conséquences. « Cela dépend de leur état, si elles sont en chaleur par exemple. Ce ne sont jamais les mêmes vaches. » Avec cette pratique, elle parvient à contenir le taux de cellules dans le lait : « Je ne suis jamais pénalisée. Mon taux est autour de 120 000 cellules, j’ai souvent la prime d’un euro (moins de 200 000). » Le produit homéopathique est peu onéreux : « 30 euros le litre. Je peux le diluer. Il me fait trois mois. »

 

Origan et lavande en gouttes

Le geste est devenu réflexe : « Avant vêlage pour préparer l’utérus et ensuite, si une vache a mal délivré, c’est pareil je pulvérise sur les muqueuses d’autres produits. Après elles sont très propres et reviennent bien en chaleur.» Idem en cas de traumatisme : « Si une vache chute, cela va l’aider à se relever, sans séquelles, elle ne boitera pas. Un peu comme l’arnica pour les enfants. » Face à une mammite, l’éleveuse commence par injecter un médicament homéopathique dans le quartier. « C’est bien, il n’y a pas de délai d’attente. Je fais cela pendant cinq jours. » L’an dernier, Magalie a suivi une formation complète. Elle en est revenue riche de nouveautés. « J’utilise à présent beaucoup le vinaigre de cidre. Le robot me permet de mettre de l’aliment liquide. J’en donne aussi aux veaux. C’est bon pour le foie. » Quantités : 100 ml par vache et une cuillérée à soupe pour les veaux dans le seau de lait. « Les vaches adorent cela. J’en ai vu lécher l’endroit où ça coule. Comme le sel, elles savent quand elles en ont besoin. » Magalie apprécie ce produit « car c’est brut, pas transformé et naturel ». Elle vient d’en acheter deux futs de 220 litres. « J’en donne si elles ne sont pas en forme et après vêlage durant quinze jours pour préparer le foie à la lactation. »
L’éleveuse s’est mise aux huiles essentielles, avec parcimonie : «Les veaux, en cas de diarrhée, je leur donne de l’origan, et de la lavande, trois ou quatre gouttes sur la tête, quand on les écorne. » Pareil pour les génisses lors de la mise au robot : « Cela les calme. » Un morceau de bois imbibé de lavande déposé à côté du robot suffit. « Quand on a mis les vaches dans leur nouveau bâtiment j’en avais mis un peu partout car cela changeait du tout au tout pour elles. » Si les veaux toussent, un bois à l’huile végétale parfumée au ravintsara, laurier noble et à l’eucalyptus aide à passer le cap. « Côté phytothérapie, j’ai envie de faire des essais pour éviter les dartres, les boiteries, remplacer les vermifuges. » Quantités d’argile, du kaolin, sont avalées : « On en met dans la ration des vaches et pour les veaux tous les deux jours sur les aliments. Avant j’avais un bac où elles se servaient, c’était mieux mais elles me l’ont cassé. » Le sac d’une tonne fait quatre mois. « L’argile protège l’intestin. » Une plaie ? Rien ne vaut le miel. « Une semaine sur une patte blessée et c’est réparé. J’en donne aussi aux veaux faiblards, une cuillère à café. » Des méthodes très simples, peu onéreuses : « Certes je ne peux mesurer les résultats, mais je vois l’état des vaches, de leur poil, si elles marchent bien et continuent de bien produire. » Pour l’été qui vient avec son cortège de mouches, Magalie a une nouvelle idée : « Je vais essayer l’ail. »

DOMINIQUE MARTIN